Valse aux Cyprès
Anamnèse d’un prochain massacre
Les trois unités de temps, de lieu et d’action permettront une plongée dans le moment crucial de la décision. Cinq jeunes gens cherchent « quelque chose à faire »… Un début exposera leur envie de s’engager, de changer quelque chose, d’être une fois différents. Puis peu à peu quelque chose de sombre apparaîtra dans ce qui devait être « une soirée entre amis » : un dégoût, une incompréhension, une révolte, une rage, puis peu à peu une décision irrévocable, irréparable, insidieuse, et prenant de plus en plus de force dans ce groupe sans histoire… Ils décideront de tuer. C’est donc entre le moment de l’idée et de la décision de commettre un massacre que se situera l’action de la pièce.
L’écriture : Comme je l’ai dit plus haut il s’agira pour ce projet d’investiguer. Trois grandes périodes jalonneront donc cette recherche : 1° Documentation, enquêtes de tout poil (lectures, rencontres, documentation, réflexions personnelles.) 2° Rassemblement des recherches de chacun. Écriture d’une première version non-exhaustive et laissant la place à l’enquête de plateau. 3° Plateau : Improvisations et recherche des caractères, recherche de mise en scène : internet (comment utiliser le média à l’image de son utilisation par les meurtriers comme Anders Breivik, les étudiants de Colombine et Virginia Tech…, des essais de vidéo en direct et utilisation quelconque du média…) Finalisation de l’écriture en partant du collectif. J’aimerais à la fois écrire une histoire mais aussi entreprendre une recherche collective à force de plateau et du matériel personnel de chaque comédien. En effet, cette thématique effrayante ne peut s’aborder frontalement, nous devrons trouver de nouvelles ressources et une autre façon de travailler.
L’idée, ici, est également de fomenter un projet sérieux et politique, d’aborder une vraie critique, non pas uniquement des meurtriers, mais des conditions sociales et personnelles dans lesquelles ces actes sont perpétrés.Ce qui est important c’est de rechercher ce qui peut engendrer une telle idée et surtout quelle en est la genèse. L’idée de la religion et du prisme du terrorisme, par l’exemple de Mohamed Merah entre autres, ne pourra pas être éludée. Celle de la pathologie « invisible », comme dans le cas de James Holmes dans la salle de cinéma projetant Batman, ou encore la tuerie de Liège par Nordine Amrani, apparemment délinquant et sortant de prison, et les cas de plus en plus fréquents d’étudiants comme ceux de Colombine et Virginia Tech pour ne citer que les plus tristement célèbres d’entre eux, tels seront les exemples sur lesquels notre recherche prendra sa source.
Je crois que comme dans toutes les écritures, le sujet prépondérant, ici celui du meurtre de masse, est à chaque fois une excuse pour parler des profondeurs mystérieuses de l’âme humaine et des incidences toujours complexes que celle-ci peut avoir dans la société qui compose notre quotidien. Ainsi, nous ferons le pari de faire un spectacle de ce grand malheur qui frappe comme un quasi phénomène de mode autant de victimes innocentes dans des régions dites « pacifiées ». Il est très important de noter que ce sujet est très délicat et qu’il demande une vraie enquête ainsi qu’une objectivité rigoureuse. Je ne pense pas avoir besoin de rappeler l’urgence du propos.
Distribution
Texte et mise en scène: Julien Mages